Amazon sortir de la dépendance aux Ads et aux promotions

Le syndrome “sans Ads, on n’existe pas”

Combien de dirigeants de PME se sont déjà retrouvés face à ce constat amer : sur Amazon, sans campagnes sponsorisées, leurs produits semblent invisibles ? Cette dépendance est devenue presque systémique. Le réflexe premier est d’augmenter les budgets publicitaires, parfois mois après mois, en espérant compenser une baisse de visibilité organique. Mais cette stratégie, si elle offre une satisfaction immédiate, agit comme une drogue : elle soulage à court terme, tout en aggravant la dépendance et en grignotant la rentabilité.

Une étude eMarketer de 2024 a montré que plus de 65 % des marques présentes sur Amazon en Europe ont augmenté leurs dépenses publicitaires de plus de 20 % en un an, sans que cela n’entraîne une progression proportionnelle des ventes nettes. Autrement dit, les budgets gonflent mais les marges stagnent, voire reculent. Derrière ce paradoxe, une erreur d’approche : la publicité sur Amazon ne peut être efficace que si elle est intégrée à une stratégie globale de visibilité, combinant SEO, contenu, Ads et désormais IA.

A9, A10 et maintenant Rufus : un changement de paradigme

Pour comprendre cette nouvelle équation, il faut revenir à l’évolution de l’algorithme d’Amazon. Le moteur A9, longtemps en vigueur, privilégiait la pertinence des mots-clés et la vélocité des ventes : un produit bien vendu et correctement optimisé montait mécaniquement dans les résultats. Avec le passage progressif à ce que la communauté appelle l’A10, l’algorithme a intégré d’autres dimensions : l’engagement client, la qualité des avis, la pertinence du contenu et même le trafic externe. Les marques qui ont su travailler leur autorité et leur crédibilité en dehors d’Amazon en ont retiré un avantage compétitif net.

Depuis début 2024, un autre acteur s’est invité dans la partie : Rufus, l’assistant conversationnel d’Amazon basé sur l’IA générative. Rufus transforme l’expérience de recherche : au lieu de taper un mot-clé, l’acheteur pose une question en langage naturel, comme il le ferait avec un vendeur en magasin. Par exemple : « Quel est le meilleur robot de cuisine pour une famille de quatre personnes ? ». L’IA de Rufus va alors proposer une sélection de produits jugés pertinents, appuyée par du contenu explicatif et des comparatifs.

Ce basculement est majeur : il ne s’agit plus seulement d’apparaître en haut d’une page de résultats, mais d’être jugé digne par l’IA d’être recommandé dans une conversation. Et là, les règles changent. Rufus favorise les fiches complètes, structurées, riches en contenu et appuyées par des données de performance solides. Les Ads seules ne suffisent plus : pour convaincre l’IA, il faut démontrer une pertinence globale, construite sur le SEO, la qualité des visuels et la cohérence de la marque.

Les effets pervers d’une stratégie 100 % sponsorisée

Une PME qui mise tout sur les Ads prend aujourd’hui trois risques majeurs. Le premier est celui d’une visibilité fragile : à l’instant où le budget baisse, le produit disparaît. Les positions obtenues ne sont jamais consolidées dans l’organique. Le deuxième est le TACoS inflationniste : plus les enchères montent, plus le coût global de la publicité pèse sur le chiffre d’affaires, réduisant la marge nette. Le troisième est la perte de pertinence dans l’univers Rufus : car si votre fiche n’est pas optimisée en SEO et en contenu, l’IA n’a aucune raison de recommander vos produits, même si vous dépensez en Ads.

En clair, investir exclusivement dans le sponsorisé revient à construire une maison sur du sable : solide en apparence, mais incapable de résister aux évolutions de l’algorithme ou de l’expérience utilisateur. Rufus ne fait qu’accélérer cette tendance : il récompense ceux qui travaillent le fond, pas uniquement la visibilité payée.

Les piliers de la visibilité durable sur Amazon

Construire une visibilité durable sur Amazon en 2025 repose désormais sur trois piliers complémentaires : SEO organique, Ads ciblées et contenu enrichi.

Le SEO organique reste la colonne vertébrale. Il commence par le choix et l’intégration judicieuse des mots-clés dans les titres, les puces et les descriptions. Mais il va aujourd’hui beaucoup plus loin. L’optimisation de l’arborescence, la cohérence entre le texte et les visuels, la fluidité de lecture et l’exploitation des modules A+ sont devenus déterminants. Rufus, par exemple, privilégie dans ses recommandations les fiches structurées et informatives, capables de répondre précisément à la requête conversationnelle de l’utilisateur. Un contenu pauvre ou bâclé est désormais éliminatoire.

Les Ads ciblées, ensuite, doivent être repensées non pas comme un robinet de trafic permanent, mais comme un levier d’amorçage ou d’accélération. La segmentation devient clé : campagnes séparées par intention (mots-clés de marque, de catégorie, concurrents), ajustement des placements en fonction de la rentabilité réelle, et usage systématique des mots-clés négatifs pour éviter de dilapider le budget sur des recherches sans valeur. Dans une logique Rufus, les Ads peuvent aussi servir à donner le coup de pouce initial qui va générer assez de données de performance et de ventes pour qu’ensuite l’IA considère la fiche comme pertinente dans ses recommandations organiques.

Enfin, le contenu enrichi et le Store sont les catalyseurs de la conversion. Le Store devient une vitrine immersive où l’acheteur explore l’univers de la marque. Les modules A+ Premium permettent de raconter une histoire, de comparer des gammes, d’intégrer des vidéos. Rufus s’appuie sur ces contenus pour fournir des réponses plus riches et plus crédibles aux questions des utilisateurs. Une PME qui néglige cet aspect se prive non seulement d’un taux de conversion supérieur, mais aussi d’une visibilité renforcée dans l’écosystème conversationnel d’Amazon.

La méthode du mix 50/50

La clé n’est pas d’opposer Ads et organique, mais de trouver un équilibre. Un mix 50/50 est une référence pragmatique : la moitié de l’effort portée sur l’optimisation organique et le contenu, l’autre moitié sur la publicité ciblée et intelligente.

Concrètement, une PME peut démarrer par un audit approfondi de ses campagnes et de ses fiches. Dès le premier mois, elle identifie les mots-clés sous-exploités, enrichit ses descriptions, déploie ou revoit son A+ Content et aligne ses visuels avec les attentes des utilisateurs. En parallèle, elle rationalise ses Ads, coupe les campagnes peu rentables et affine les enchères. Au deuxième mois, elle réduit progressivement la part du budget Ads, tout en mesurant l’impact sur le TACoS. Enfin, au troisième mois, elle atteint un nouvel équilibre : les ventes organiques, dopées par la qualité des fiches et la pertinence SEO, compensent la baisse publicitaire. Le TACoS se stabilise ou baisse, les marges se reconstituent, et surtout la visibilité devient plus résiliente.

Pourquoi externaliser la gestion SEO + Ads

Pour une PME, piloter seule le trio SEO, Ads, contenu enrichi et désormais adaptation à Rufus revient souvent à courir un marathon avec un sac de plomb. Les algorithmes évoluent en permanence, les comportements d’achat se transforment rapidement, et les fonctionnalités publicitaires se complexifient au point de devenir un métier à part entière. Tenter de tout gérer en interne finit par mobiliser trop de temps, trop de ressources, pour des résultats souvent en deçà du potentiel réel.

L’externalisation change totalement la donne. Elle permet d’accéder immédiatement à une expertise transversale issue de centaines de campagnes multisecteurs, mais aussi à des outils de pilotage et d’optimisation publicitaire dignes des grands groupes, souvent hors de portée d’une PME seule. Ces technologies permettent une réduction des coûts d’enchères et une analyse fine des performances. Avec un suivi régulier et des ajustements d’enchères quotidiens, la PME transforme un budget publicitaire subi en levier stratégique maîtrisé. Le résultat : une visibilité renforcée, une marge restaurée et la possibilité de rivaliser à armes presque égales avec les marques leaders.

Conclusion : la fin de la dépendance

Amazon n’est plus seulement un moteur de recherche marchand. Avec Rufus, la plateforme est devenue une place de conseil, où l’IA filtre et recommande. Dans ce nouvel écosystème, la publicité ne peut plus suffire. Elle doit s’intégrer dans une approche globale, où le SEO, le contenu enrichi et la cohérence de marque construisent la base, et où les Ads viennent amplifier, non suppléer.

Les PME qui continueront à traiter la publicité comme une drogue finiront étranglées par leurs coûts. Celles qui sauront orchestrer le bon mix sortiront au contraire de la dépendance et construiront une visibilité robuste, rentable et pérenne. La question n’est donc plus de savoir combien investir en Ads, mais comment investir intelligemment dans un ensemble cohérent. Et pour y parvenir, s’entourer d’experts semble devenu un passage obligé.

Alain Rétière-Lehideux

Associé Fondateur

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